Par Moon of Alabama - Le 18 avril 2025
Beaucoup de gens, moi y compris, ne savent toujours pas exactement en quoi consiste la révolution de Trump - dans le domaine du commerce, des relations internationales et de la lutte contre le gouvernement américain dans son ensemble.
Il semble que Trump considère que la voie sur laquelle les États-Unis sont engagés, avec des déficits et une dette en constante augmentation, n'est pas viable. Lui et ses collaborateurs affirment que le dollar, en tant que monnaie de réserve, fait plus de mal que de bien au pays. Ils considèrent que le déclin de l'industrie manufacturière est le principal symptôme d'une grave maladie.
Ils estiment qu'il est nécessaire de détruire l'ancien système afin qu'un nouveau, plus glorieux, puisse voir le jour. Ils savent que le processus sera douloureux pour beaucoup, mais espèrent aboutir un meilleur résultat en fin de course. (Il existe également un motif de profit personnel).
Alastair Crooke fait allusion à tout cela lorsqu'il écrit ( également ici) :
Le « choc » Trump - son « décentrage » d'une Amérique ne servant plus de pivot à « l'ordre » d'après-guerre via le dollar - a déclenché un profond clivage entre ceux qui ont tiré d'énormes bénéfices du statu quo, d'une part ; et d'autre part, la faction MAGA qui en est venue à considérer le statu quo comme contraire - voire comme une menace existentielle - aux intérêts des États-Unis....
Le vice-président Vance compare maintenant la monnaie de réserve à un « parasite » qui a rongé la substance de son « hôte » - l'économie américaine - en imposant un dollar surévalué.
Pour être clair, le président Trump pense qu'il n'avait pas le choix : Soit il pouvait bouleverser le paradigme existant, au prix d'une douleur considérable pour nombre de ceux qui dépendent du système financiarisé, soit il pouvait laisser les événements suivre leur cours vers un inévitable effondrement de l'économie américaine. Même ceux qui comprenne le dilemme auquel les États-Unis sont confrontés sont néanmoins quelque peu choqués par l'effronterie égocentrique de Trump, qui se contente de « taxer le monde ».
Les actions de Trump (comme beaucoup le prétendent) n'étaient ni « impulsives », ni fantaisistes. La « solution tarifaire » a été préparée par son équipe au cours des dernières années et fait partie intégrante d'un cadre plus complexe - un cadre qui complète les effets des taxes douanières sur la réduction de la dette et les recettes par un programme visant à contraindre le rapatriement de l'industrie manufacturière vers l'Amérique.
La politique de Trump est un pari qui peut, ou non, réussir :...
Un argument similaire peut être trouvé ici :
Même si Trump a expliqué la logique des taxes douanières comme une tentative de corriger le déséquilibre commercial entre les États-Unis et le reste du monde, les fonctionnaires de la Maison Blanche [( archivé)] ont décrit plus en détail les objectifs escomptés derrière celles-ci. Ils ont décrit ces objectifs comme une concentration des forces économiques au niveau national afin de « pousser à des changements structurels de l'économie mondiale pour rectifier les défis qui sont difficiles à surmonter, y compris les droits de douane élevés au niveau mondial, les politiques monétaires et fiscales, le vol de propriété intellectuelle, et même les normes de santé et de travail ». En fin de compte, Trump vise à remodeler l'ordre économique mondial en donnant la priorité à l'intérêt national de l'Amérique par le biais de ce large éventail de droits de douane....
Trump comprend parfaitement les conséquences de ses politiques. L'« unilatéralisme agressif » des États-Unis, qui a débuté dans les années 1980 avec Ronald Reagan, a maintenant atteint son apogée. Trump n'est pas un cas isolé ; il incarne les véritables intérêts d'une superpuissance en déclin, dont les politiques reflètent la réalité mondiale conflictuelle et changeante dans laquelle il navigue. La deuxième administration de Trump est prête à provoquer une crise majeure et une dévastation généralisée dans le monde entier pour empêcher sa chute inévitable. Leur accession au pouvoir et les actions qui en découlent ne font que refléter les profonds changements structurels et historiques qui se produisent dans l'économie politique internationale et l'architecture du pouvoir mondial.
Il y a aussi des titres comme :
Le plan de Trump pour démolir l'économie américaine - Asia TimesUn initié de Trump affirme que le plan de démolition va nécessairement « décimer des millions d'investisseurs » alors que la remise à zéro va apporter « la plus grande création de richesse » jamais vue.
Je ne sais pas si ce sont là les véritables intentions de Trump ou si tout ce discours n'est que de l'obscurantisme pour cacher l'immense délit d'initié et le pillage qui l'accompagnent. Cette seconde hypothèse pourrait bien être son seul objectif.
Comme le dit Yves Smith de Naked Capitalism :
Nous sommes au milieu d'une révolution, dirigée par des réactionnaires qui tentent de consolider la position privilégiée des riches et d'appauvrir davantage le reste de la population. J'ai averti dès le début que la seule façon de comprendre la politique éclair de Trump était que lui et ses alliés avaient l'intention de créer une crise du niveau de celle de la Russie dans les années 1990 afin de faciliter l'accaparement des biens par l'élite.
Il est d'accord avec Michael Hudson sur ce point. Hudson...
... explique pourquoi la partie apparemment nouvelle, l'utilisation intensive des droits de douane, représente la continuité des politiques néolibérales et libertaires, de la réduction du rôle du gouvernement dans la vie commerciale et privée. Il soutient que cela a donc très peu à voir avec la « reconstruction » de l'Amérique et que c'est destiné à permettre aux super-riches de soutirer encore plus aux citoyens ordinaires.
Trump n'est pas le seul à agir de la sorte. Il est entouré d'une nuée de multimilliardaires qui font pression en ce sens :
Un secteur de la classe capitaliste américaine contrôle désormais ouvertement l'appareil idéologique de l'État au sein d'une administration néofasciste dans laquelle l'ancien establishment néolibéral est un partenaire junior. L'objet de ce changement est une restructuration régressive des États-Unis dans une posture de guerre permanente, résultant du déclin de l'hégémonie américaine et de l'instabilité du capitalisme américain, ainsi que de la nécessité pour une classe capitaliste plus concentrée de s'assurer un contrôle plus centralisé de l'État.
Trump réduit les budgets de nombreuses institutions vitales et, via le DOGE d'Elon Musk, élimine leurs moyens de fonctionner et de mesurer les résultats. Il s'enrichit en construisant un empire dans la crypto-monnaie tout en détruisant ses régulateurs.
Bien qu'il s'agisse principalement d'un combat à l'intérieur du pays, il y a une forte composante internationale. 𝕏 Comme l'explique Brian Berletic :
Les États-Unis se préparent à soumettre leur propre population ainsi que celle de leurs supposés « alliés » à d'immenses souffrances économiques, sociales et politiques à long terme. La crise du coût de la vie aux États-Unis ne fera que s'aggraver. Les États-Unis espèrent pouvoir supporter la douleur économique et les perturbations à l'intérieur et à l'extérieur du pays mieux que le monde multipolaire émergent. La survie du multipolarisme dépendra de la preuve du contraire.
Et c'est là que réside le problème pour Trump. Cette politique commerciale farfelue sera ressentie en Chine et ailleurs. Mais la douleur sera bien plus forte aux États-Unis. D'autres gouvernements prendront en charge leurs populations, tandis que l'administration Trump n'a pas l'intention de faire de même chez elle.
Ses droits de douane contre la Chine auront des conséquences similaires aux sanctions européennes contre la Russie. Le pays ciblé n'aura aucun mal à faire face à l'assaut, tandis que les agresseurs blesseront profondément leurs propres populations.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.